Il est 5 heures, Jacques Lanzmann s'éteint
Le parolier de Dutronc, fondateur de «Lui» et écrivain, est mort hier à 79 ans.
par Ludovic PERRIN
QUOTIDIEN : jeudi 22 juin 2006
Elodie Frégé, ex-Star Ac, le chante sur son nouvel album (la Fidélité) comme Obispo en 1996 (Rêves d'Orient) ou Indochine reprenant l'Opportuniste dans les années 80. Jacques Lanzmann, quarante ans après ses succès avec le dandy minet Dutronc (les Play-Boys, les Cactus, J'aime les filles, Il est 5 heures Paris s'éveille, etc.), restait un fantasme pour une génération d'artistes en mal de crédibilité. Quitte à ce que Dutronc lui-même invite son coauteur pour de tièdes retrouvailles en 2003 (Madame l'Existence). Depuis vingt-trois ans, le tandem ne tournait plus ensemble.
Ils se rencontrent au milieu des années 60 au «magazine de l'homme moderne», Lui, dont Lanzmann est fondateur avec Filipacchi. Le cadet de Claude Lanzmann (Shoah) a eu cent vies avant. Né le 4 mai 1927 à Bois-Colombes, cet enfant du divorce, juif, roux et bègue, a été garçon de ferme (12 ans), résistant à 16, puis, après avoir échappé au peloton d'exécution car il refusait de mourir «avant d'avoir fait l'amour», mineur de cuivre au Chili, globe-trotter, peintre, critique, journaliste (l'Express), éditeur et surtout romancier à succès depuis 1954 (une cinquantaine de titres depuis La glace est rompue), avant de prospérer dans le créneau de la marche à pied (Lhassa-Katmandou, 1985, désert du Taklamakan en Chine, 1987).
Comme Lui demeure d'une modernité folle, son écriture chanson période Dutronc pop initiale a fait école : binaire, slogan journalistique, titi, serrée, tranchante, cynique. Et le genre lui revenait toujours d'une manière ou d'une autre. On le voyait ces dernières années locataire dans l'appartement de Renaud à Montparnasse.
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