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Si vous voulez lui dire au revoir...

  • Lundi 26 juin 2006 à 12h précises. Au crématorium du Père Lachaise, salle de la Coupole. Et si vous le souhaitez, bouquets de lys et roses blanches

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Biographie

S on évoquait volontiers les légendaires "Frères Jacques", ce surnom aurait pu tout aussi bien convenir, dans les années 60, à un trio hors norme dont la causticité n’avait d’égal que la créativité : Jacques Wolfsohn, directeur du label "Vogue", Jacques Dutronc, son directeur artistique, musicien-compositeur-chanteur, et Jacques Lanzmann, écrivain et journaliste à succès, d’autant plus "dans le vent", comme on disait alors, qu’il était et reste un ineffable voyageur, une sorte d’hommeorchestre et d’aventurier des lettres qui aura passé son temps à écrire ce qu’il vivait, et inversement. Ensemble, ces deux derniers ont, à leur façon, révolutionné l’écriture de chansons dans notre pays, en y apportant, dans la mouvance de 68, un ton, une humeur, un esprit à la fois décapants, modernes et légers, qui n’ont pas fini de faire des émules, au même titre qu’un Gainsbourg. De tous les créateurs sixties, l’équipe Dutronc-Lanzmann fut, mine de rien, une des plus novatrices, atypiques, iconoclastes. Pourtant, rien ne destinait le rocker fantasque de la Trinité à croiser le chemin du "fou de marche", comme il se définira lui-même un jour, d’autant plus que ce dernier, de quinze ans son aîné, n’en était pas à son coup d’essai, côté plume.

Avant même que d’écrire, Jacques Lanzmann avait en effet déjà fait l’expérience "de la misère et du merveilleux": à 12 ans, il est domestique de ferme, et à 16, aux côtés de son futur beau-frère Serge Rezvani -lui aussi auteur polyvalentil entame une carrière de peintre (groupe de l’Ecole de Paris) qu’il abandonne pour... voyager autour du monde ! Après l’Islande, découverte en 1948, qui lui inspirera son premier livre, et entre deux pérégrinations au Quartier Latin dans la mouvance Claude Lanzmann, Jean-Paul Sartre et "Le Castor" (Simone de Beauvoir), il gagnera sa vie comme ouvrier dans une mine de cuivre au Chili, comme joueur professionnel, contrebandier, homme de ménage (chez une criminologue !), camionneur, peintre en bâtiment et rapportera de ses expéditions des romansreportages (on ne parle pas encore de "romanquêtes") pleins de verve et de couleurs. Mais la plus belle de ses aventures demeure l’écriture, sous toutes ses formes : journalisme (des "Lettres Françaises" d’Aragon à "L’Express"), littérature, scénario, édition, chroniques et... paroles de chanson, sans oublier le patron de presse ("Lui").

Riche de nombreuses expériences humaines, c’est donc en 1954 que Jacques Lanzmann commence à en faire des livres, en quelque sorte, avec une œuvre écrite durant son périple islandais, qui annonce la couleur :
- "La glace est rompue" et devra sa publication chez Julliard à Beauvoir elle-même. Mais le succès n’arrivera que l’année suivante avec un classique du genre,
- "Le rat d’Amérique", porté plus tard à l’écran par Jean-Gabriel Albicoco avec Charles Aznavour,
- puis "Cuir de Russie"(1957), témoignage choc sur le post-stalinisme,
- "Viva Castro"(1957),
- "Un tyran sur le sable",
- "Le guide michien"(1965),
- "Qui vive" (1967),
- "Les Vangauguin"(1968),
- "Mémoires d’un amnésique"(1971),
- "Les nouveaux territoires" (1973),
- "Le têtard" (1976),
- "Les transsibériennes"(1978),
- "Tous les chemins mènent à toi"(1979),
- "Rue des mamours"(1981),
- "La baleine blanche"(1982),
- "Le lama bleu" (1983),
- "Le septième ciel"(1985),
- "Fou de la marche" (1985),
- "A l’altitude des dieux"(1986),
- "Le Jacquiot" (1986),
- "Café crime" (1987),
- "Les guérillans" (1989),
- "Hôtel Sahara" (1990),
- "Le voleur de hasards"(autobiographie-1992),
- "Le dieu des papillons" (1993),
- "Le Raja" (1995),
- "Le guide universel du flirt sans frontières" (1996),
- "Le fils de l’Himalaya" (1997),
- "La mémoire des dieux" (1998),
- "N’oublie jamais qui nous sommes" (1999),
- « Imagine la terre promise" (2000),
- "Rue des Rosiers" (2002),
- "La vie commence à Marrakech" (2004)...
- « Rue des Rosiers 2 » 2005
- « La Vie de famille » 2006

Autant dire une carrière et une vie d’auteur bien remplies, et d’ailleurs souvent confondues, puisque chacun aura reconnu dans cette liste nombre de classiques, best-sellers, des incontournables de la littérature francophone du demi-siècle, où défilent les thèmes de prédilection de l’auteur : ses voyages, ses racines, ses rencontres, ses femmes...

Ainsi raconte-t-il son enfance dans "Le têtard", son passage dans la résistance dans"Qui vive ?", en mettant souvent en scène un héros juif, rouquin, bègue et tenaillé par le désir sexuel qui lui ressemble comme un frère. Au fil des pages et des années, l’enfance, réelle ou imaginaire, vécue ou transfigurée, lui revient de plus en plus : "La rue des mamours" (1981), ou le diptyque "Le fils de l’Himalaya"et "La mémoire des dieux" (97-98). Il enchaînera d’ailleurs avec un autre diptyque, "La tribu perdue", composé de "N’oublie jamais qui nous sommes" (1999) et "Imagine la terre promise" (2000), où il suit une famille de juifs légendaires, les Manassé, dispersée dans le monde après 3000 ans d’histoire. Une thématique -la quête des origines, de l’identité, de l’héréditéqu’il développera, sous d’aures formes, dans son roman "Rue des Rosiers" en 2002 et qui nourrit désormais régulièrement son inspiration.

Et la "légende Lanzmann" se forge : n’a-t-il pas failli être livré vivant à un tigre affamé, un jour qu’il remontait la piste du jeune Fidel Castro pour une interview et avait été capturé par les troupes du féroce général cubain Chaviano ?! D’aucuns s’en seraient tenus là : pas lui !

- Journaliste à "L’Express" (19601962),
- fondateur du magazine "Lui", "Le journal de l’homme moderne" (1963-68) avec Daniel Filipacchi,
- animateur de "Rendez-vous avec lui" à Europe 1 (1966-67),
- gérant des Editions Spéciales avec Jean-Claude Lattès (1968-74), directeur de collection chez Denoël (1972-74),
- journaliste (rubrique télévision), puis chroniqueur (à partir de 1978) à VSD
- et sur la chaîne "Voyages" depuis 1997, producteur

Puis scénariste, entre autres, de Philippe Labro ("Sans mobile apparent", "L’alpagueur", "L’héritier", "Le hasard et la violence"), Claude Zidi, Moshe Misrahi, Claude Bernard-Aubert etc., Jacques Lanzmann est aussi - pour en venir à la SACEM : l’auteur de plus de 150 chansons, principalement pour Jacques Dutronc. C’est en 1965 que les deux Jacques se rencontrent, et entament une longue et fructueuse collaboration qui les révèlera sous un nouveau jour, l’un comme parolier et l’autre -jusque là directeur artistique- comme compositeur-interprète. Leur première œuvre est un coup de maître, une expression griffonnée dix ans plus tôt par Lanzmann et restée dans toutes les mémoires depuis bientôt 40 ans:
"Et moi, et moi et moi" ("700 millions de Chinois..."), parue sur un 45 tours non moins mémorable : "Mini mini", "Sur une nappe de restaurant"... Nonchalant, ironique, insolent, Dutronc débarque en pleine époque hippie avec son costume trois pièces, ses cigares, et plus tard ses lunettes noires, plus un son de guitare inhabituel. Un personnage atypique qu’il cultivera désormais de disque en disque avec l’ami Lanzmann, en faisant mouche plus d’une fois : "Les play boys", "On nous cache tout, on nous dit rien", "La fille du Père Noël", "Les cactus", "J’aime les filles", "Il est cinq heures Paris s’éveille"dont le premier jet date des années 50 !- et, en plein 68, "L’opportuniste" (toutes deux cosignées avec Anne Segalen, la compagne de l’écrivain à l’époque), "L’hôtesse de l’air", "L’aventurier"(1969), "Le petit jardin" (1972), "Le dragueur des supermarchés", "Gentleman cambrioleur", "L’Arsène", "Fais pas ci, fais pas ça"... Mais aussi des dizaines de titres, faces A ou B, tous plus mordants les uns que les autres : "Comment elles dorment", "L’espace d’une fille", "Le courrier du cœur", "Elle a dit non, elle a dit oui", "La France défigurée", "Le plus difficile", "Les gens sont fous, les temps sont flous", "L’opération", "Le testamour", "Les Vangauguins", et, plus tard, l’émouvant "La vie dans mon rétroviseur". Après moult succès et aventures (le cinéma pour l’un, la littérature pour l’autre), les deux larrons se retrouveront en 2003 pour une nouvelle aventure commune, "Madame l’existence" ("La vie en live", "Face à la merde", "Voulez-vous", "L’ère de rien", "Transat en solitaire", "C’est peut-être ça"...), unanimement célébrée et avec toujours la même veine, la bonne verve, le poids des ans en plus. 4 Mais entre-temps, le parolier n’a pas chômé, côté chanson, même si ce n’est manifestement pas là sa première activité, par delà l’ami Dutronc : il a écrit pour le jeune Jean Guidoni ("Le têtard", "Le Père Noël"), Zizi Jeanmaire ("Je me champsélyse"), Enrico Macias("A la face de l’humanité"), Régine, Mireille Darc, Dani, Benjamin, Sacha Distel, Sylvie Vartan, Pascal Danel, Pascal Obispo ("Rêves d’orient"), et même... Bernard Ménez (Qui connaît aujourd’hui "J’aime pas les filles qui fument"ou "Le tour du monde en 80 femmes"?), voyageant de disque en film comme un éternel passager.

Sans oublier, last but not least of the list, les paroles françaises de la comédie musicale "Hair" ("Laissons entrer le soleil", "Aquarius" etc., c’était lui aussi !). Autant de titres plus ou moins connus, en mode majeur ou mineur, mais qui portent et comportent toujours sa griffe, la fameuse "touche Lanzmann", et témoignent souvent d’une vision narquoise, lucide et désabusée du monde. Il n’empêche : personne n’a jamais mieux traduit, incarné, notre Jacques national en chansons que son frère Jacques, même s’ils nous jouent parfois les frères ennemis (pour rire), un peu comme Philippe Djian restera l’auteur de Stephan Eicher ou Françoise Mallet-Joris celui de Marie-Paule Belle, au point qu’à eux deux, ils constituent sans doute l’un des plus beaux auteurscompositeurs-interprètes de notre patrimoine, la bande-son acidulée des plus belles années de nos vies, au temps où l’on prenait sérieusement les choses à la légère, "ou lycée de Versailles", comme disent les enfants de notre âge, pour ne pas dire la génération Dutronc... P.A. Sacem 2004
-------- Jacques Lanzmann

Jacques Lanzmann est né le , 4 mai 1927 Naissance à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). A douze ans il est domestique de ferme : "J'étais incapable d'additionner et de soustraire. En revanche, je n'avais pas mon pareil pour labourer et semer, faucher, faner et moissonner. Je savais traire, tourner la baratte et coucher le fromage sous la cendre après l'avoir arrosé de pipi de veuve [...]. Je reconnaissais mes vaches à leur allure, mes moutons à leur regard."

En 1943, à 16 ans, il rejoint le maquis que son père dirige. Son frère Claude, plus âgé que lui, bachelier, futur directeur des Temps modernes et réalisateur de Shoah, l'y a précédé.

Après la guerre, Jacques Lanzmann retrouve sa mère à Paris. Elle côtoie Eluard, Aragon, Breton... Il assiste à une exposition de Picasso : en toute ingénuité , il prétend pouvoir en faire autant. Sa mère le met au défi. Il le relève et se lance dans la peinture. Il connaît alors ce qu'il décrit comme "l'enfer de la peinture" hésitant entre le renoncement et le suicide. Puis il part pour le Maroc, l'Islande, l'Amérique du Sud, la Californie.

En 1954 , il publie le premier de ses 40 romans: La glace est rompue.

En 1966, Ecrit Et moi, et moi, et moi pour Jacques Dutronc, son premier tube. Il écrira ensuite plus de 100 chansons .

En 1987 Jacques Lanzmann traverse le désert du Taklamakan en Chine.

En 2000, il vient de publier Imagine la Terre promise (tome 2 de la Tribu perdue).

Les principaux ouvrages de Jacques Lanzmann :

le Rat d'Amérique (1955)

Cuir de Russie (1957)

Viva Castro

le Têtard

les Transsibériennes

la Baleine blanche (1982)

le Septième Ciel

le Jacquiot

Café crime

Hôtel Sahara,

la Horde d'or (1994)

le Raja (1995)

le Fils de l'Himalaya (1996)

la Mémoire des dieux (1998)

La Tribu perdue

Imagine la Terre promise


et d'autres depuis...

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Une oeuvre sous le
signe de l'aventure

Né en 1927, Jacques Lanzmann est un marcheur infatigable (Le fou de marche, 1985) qui mène une vie d’aventures et fait l’expérience «de la misère et du merveilleux».
Ayant pratiqué de nombreux métiers - ouvrier agricole, artiste peintre (1948-1955), mineur au Chili (1952-1953) - il entre en littérature en 1954 avec La glace est rompue.
Outre une production régulière de romans à partir de 1954, sa carrière littéraire est marquée par son activité de critique dramatique aux Lettres françaises, de journaliste à L’Express (1960-1962), par la création avec J.C. Lattès d’Editions spéciales et la création et la direction littéraire de la société «Jacques Lanzmann et Seghers éditeurs».
Il est aussi producteur de films, scénariste entre autres de films de Philippe Labro, chroniqueur sur la chaîne Voyage (depuis 1997) et auteur de plus de 150 chansons dont de nombreuses chansons pour Jacques Dutronc.
L’œuvre de Lanzmann se place sous le signe de l’aventure ; largement autobiographique, elle rapporte les pérégrinations de l’auteur. On suit son enfance et son adolescence dans Le têtard (1976), son passage dans la Résistance dans Qui vive (1965), ses voyages dans La glace est rompue (1954), Le Rat d’Amérique (1956) qui porte notamment témoignage de la condition des exploités, ou dans Cuir de Russie (1957).
Certains de ses livres élaborent des fictions plus proprement romanesques : Mémoire d’un amnésique (1971), Tous les chemins mènent à soi (1979), La Baleine blanche (1982), Le lama bleu (1983), Le septième ciel (1985), Le raja (1995). Quant à La rue des mamours (1981), c’est une tentative pour voir le monde par les yeux d’un petit garçon.
Lanzmann affectionne les situations à la fois burlesques et tragiques. Jacques, le héros picaresque de plusieurs de ses romans, a différentes obsessions : il est juif, rouquin, tenaillé par le désir sexuel.
Il fait son apprentissage de la vie en traversant un monde qu’il ne comprend jamais tout à fait ; le regard qu’il porte sur les choses est un mélange de rouerie, de tendresse et d’humour, et, comme Lanzmann lui-même, il «s’en tire avec une pirouette, parce que c’est dans [son] tempérament».
Sa truculence vient en grande partie d’une liberté à l’égard de la langue populaire et du goût pour le jeu avec les mots.
Le fils de l’Himalaya (1997) et La mémoire des dieux (1998) forment un diptyque et partent d’une situation similaire : la révélation d’un enfant.
Alexandre, le narrateur du Fils de l’Himalaya apprend qu’il est le père d’un petit sherpa de dix ans, Hima. Le géniteur est en fait son frère Jean, mort trois semaines auparavant.
Quant à Clara Scheller, la «déesse» de La mémoire des dieux, elle apprend à soixante-neuf ans qu’elle a un petit fils, Hima.
N'oublie jamais qui nous sommes (1999) et Imagine la terre promise (2000) qui forment un diptyque intitulé La tribu perdue mettent en scène les Manassés, des Juifs légendaires, qui ont traversé trois mille ans d'Histoire en gardant intacts leur foi en Dieu et leur espoir en Israël.
2800 ans après leur expulsion du Royaume d'Israël, Jacques Lanzmann les a suivis à travers les mondes de l'exil et a rassemblé leur légende. Elle est somptueuse et cruelle.
Son roman, Rue des Rosiers (2002), - lieu mythique de l’immigration juive - entraîne le lecteur dans une histoire chargée d’événements tragiques et riche en révélations.